Le problème avec une question idiote, c’est qu’il est difficile de déterminer en bonne logique si la réponse sera exacte ou non.

Editions Belfond, 2022
Traduit du japonais par Hélène Morita
Présentation éditeur :
Après le succès de Des hommes sans femmes, Murakami renoue avec la forme courte. Composé de huit nouvelles inédites, écrites, comme son titre l’indique, à la première personne du singulier, un recueil troublant, empreint d’une profonde nostalgie, une sorte d’autobiographie déguisée dont nous ferait cadeau le maître des lettres japonaises.
Un homme se souvient
De la femme qui criait le nom d’un autre pendant l’amour
Du vieil homme qui lui avait révélé le secret de l’existence, la « crème de la crème de la vie »
De Charlie Parker qui aurait fait un merveilleux disque de bossa-nova s’il en avait eu le temps
De sa première petite amie qui serrait contre son cœur le vinyle With the Beatles
Des matchs de base-ball si souvent perdus par son équipe préférée
De cette femme si laide et si séduisante qui écoutait le Carnaval de Schumann
Du singe qui lui avait confessé voler le nom des femmes qu’il ne pouvait séduire
De ces costumes qu’on endosse pour être un autre ou être davantage nous-même.
Un homme, Murakami peut-être, se souvient que tous ces instants, toutes ces rencontres, anodines ou essentielles, décevantes ou exaltantes, honteuses ou heureuses, font de lui qui il est.
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Dans ce recueil, un homme se souvient. En huit nouvelles telles des escales dans son existence, et à la première personne du singulier il nous fait voyager au gré des belles rencontres, des rendez-vous manqués, et des instants heureux, honteux, excitants. De la musique, du sport, de l’amour, des confidences.
Mais qui est cet homme qui nous raconte sa vie ? S’agit-il de Haruki Murakami lui-même ? Peu importe finalement, car nous sommes entraînés par sa plume, dans son univers si particulier, envoûtant et passionnant. Comme à son habitude, Murakami maîtrise l’art de se questionner sur l’existence. Il glisse toujours vers le fantastique, comme dans un rêve. Sans jamais oublier de disperser des petites touches d’humour dans son texte.
Aimer quelqu’un, c’est comme être atteint d’une maladie mentale que l’assurance maladie ne prend pas en charge.
D’ordinaire, je ne lis pas de nouvelles, je trouve le format court extrêmement frustrant, mais avec Murakami, je ne suis pas restée sur ma faim. En quelques pages, on glisse dans une autre dimension sans que cela ne soit anormal. Là est le talent de Murakami : entraîner son lecteur dans une sorte de monde parallèle, à la frontière de l’irréel tout en déclenchant des réflexions existentielles.
Ton cerveau est conçu pour penser des choses difficiles. pour t’aider à élucider quelque chose qu’au début tu ne comprenais pas. et cela devient la crème de la crème de ta vie. Le reste n’a aucun intérêt, aucune valeur.
Première personne du singulier est un régal à lire pour les lecteurs inconditionnels de l’auteur, mais aussi une belle entrée en matière dans l’univers onirique de Murakami pour les néophytes.
En bref, un vrai plaisir de renouer avec la plume si particulière de Murakami et de replonger dans son univers si caractéristique. Un vrai voyage à la première personne du singulier. Une compilation littéraire tout en nostalgie.
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Retrouvez mes avis sur d’autres livres de Murakami :
Le meurtre du Commandeur, livre 1 : Une Idée apparaît
Le meurtre du Commandeur, livre 2 : La Métaphore se déplace