L’enfant de la prochaine aurore – Louise Erdrich

Lorsque survient la fin du monde, la première chose qui se passe c’est qu’on ignore précisément ce qui se passe.

L’enfant de la prochaine aurore, Louise Erdrich
Editions Albin Michel, 2021
Traduction : Isabelle Reinharez

Présentation éditeur :

Notre monde touche à sa fin. Dans le sillage d’une apocalypse biologique, l’évolution des espèces s’est brutalement arrêtée, et les États-Unis sont désormais sous la coupe d’un gouvernement religieux et totalitaire qui impose aux femmes enceintes de se signaler. C’est dans ce contexte que Cedar Hawk Songmaker, une jeune Indienne adoptée à la naissance par un couple de Blancs de Minneapolis, apprend qu’elle attend un enfant. Déterminée à protéger son bébé coûte que coûte, elle se lance dans une fuite éperdue, espérant trouver un lieu sûr où se réfugier. Se sachant menacée, elle se lance dans une fuite éperdue, déterminée à protéger son bébé coûte que coûte.

Renouvelant de manière saisissante  l’univers de l’auteure de La Rose et Dans le silence du vent, le nouveau roman de Louise Erdrich nous entraîne bien au-delà de la fiction, dans un futur effrayant où les notions de liberté et de procréation sont des armes politiques. En écho à La Servante écarlate de Margaret Atwood, ce récit aux allures de fable orwellienne nous rappelle la puissance de l’imagination, clé d’interprétation d’un réel qui nous dépasse.

***

L’enfant de la prochaine aurore, c’est l’histoire de Cedar qui a été adoptée à la naissance. Née dans une famille indienne, elle a grandi avec des parents blancs à Minneapolis. Aujourd’hui, Cedar est enceinte, et elle souhaite aller à la rencontre de ses origines.

Cedar retourne dans le foyer dans lequel elle est née, va à la rencontre de sa famille biologique. Là-bas tout est étrange et en même temps très familier. Car Cedar doit toujours fuir, se cacher pour échapper au gouvernement qui la traque.

Alors pour laisser une trace, elle écrit à son enfant à naître. Elle lui raconte ce monde dans lequel une pandémie touche toutes les espèces, les plantes, comme les animaux et les hommes. Les Etats-Unis sont devenus un état totalitaire qui traque les femmes enceintes. Dans ce monde, l’évolution est menacée. Peu de bébés survivent.

Tu as des sourcils, des cils, et même quelques cheveux. Les empreintes digitales de tes pieds et de tes mains sont désormais lisibles, et les composants complexes de tes yeux se sont formés, même si tes paupières ne s’ouvriront pas avant une quinzaine de jours. La vue est le dernier sens à se développer. Les liaisons nerveuses de tes mains continuent à se mettre au point. Ton cerveau, le grand point d’interrogation, a fabriqué plus de deux cent cinquante mille neurones par minute depuis que tu as quatre semaines, et chaque cellule nerveuse est capable de produire dix mille liaisons.

En effet, l’espèce humaine régresse. La plupart des bébés ne sont pas viables à la naissance, alors le gouvernement réquisitionne les bébés qui n’ont pas muté.

Si j’ai eu un peu de mal au début de ce livre, je l’ai ensuite dévoré. Je n’avais pas lu la quatrième de couverture avant de commencer ma lecture, et effectivement, j’ai trouvé que c’était dans la veine de la Servante écarlate de Margaret Atwood.

Comme dans le roman de Margaret Atwood, on ne sait pas en quelle année on est. Mais les décors et les objets ressemblent beaucoup à notre société actuelle. Il est alors très facile de s’y projeter. Ce monde semble si proche de nous, cela fait froid dans le dos.

L’enfant de la prochaine aurore, c’est le journal intime d’une jeune femme qui veut protéger son bébé, c’est une longue lettre d’amour dans un monde apocalyptique.

Mais surtout, plus qu’un roman de science-fiction, l’enfant de la prochaine aurore est un roman profondément féministe. Les nombreux personnages féminins y sont forts et actifs. Louise Erdrich dépeint une société qui décline, mais dans laquelle les femmes sont prêtes à se battre pour vivre et exister.

En bref, l’enfant de la prochaine aurore est un roman qui nous entraine dans un futur effrayant sans aucune liberté pour les femmes en âge de procréer. On est dépassé et en même temps, cela entraîne une grande réflexion. Car tout semble possible. Notre société actuelle s’autodétruit.

Nous sommes si brefs. Un pissenlit d’un jour. L’enveloppe d’une graine ricochant sur la glace. Nous sommes une plume tombant de l’aile d’un oiseau. Je ne sais pas pourquoi il nous est donné d’être tellement mortels et d’éprouver tant de sentiments. C’est une blague cruelle, et magnifique.

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