Quand Gregor Samsa se réveilla un beau matin au sortir de rêves agités, il se retrouva transformé dans son lit en une énorme bestiole immonde.

Edition Gallimard, illustrée d’œuvres originales de Miquel Barceló
Traduction de l’allemand : Jean-Pierre Lefebvre
Résumé éditeur :
« J’ai lu La Métamorphose à l’âge de 13 ou 14 ans d’un trait, la nuit. Peut-être même deux fois de suite, comme j’avais l’habitude de faire parfois. Le jour d’après, en rentrant de l’école, j’ai trouvé ma mère en train de pleurer en le lisant, alors que je l’avais trouvé drôle et troublant. Ma mère pleurait à l’idée que j’avais lu ÇA. Je l’ai ensuite relu plusieurs fois. Peut-être à chaque décennie. Je le considère comme une sorte de comique essentiel et moderne (tel Cervantès). Plus les années et les évènements passent, plus je trouve Franz Kafka pertinent, avec cet humour qu’on disait juif mais qui est une forme très ancienne d’humanisme… désespoir cosmique… Métamorphose: changement. Le seul qui ne change pas est Gregor Samsa, il maigrit peut-être, mais il reste le même du réveil jusqu’à la fin. Autour de lui tout se transforme. Son père, sa mère, sa petite sœur ! Après lecture, on prend conscience de quelque chose qu’on avait oublié depuis longtemps, que l’on savait déjà. »
Miquel Barceló
***
J’avais lu Kafka sur le rivage de Murakami; mais je n’avais pas lu La métamorphose de Franz Kafka. Je n’avais jamais cherché à comprendre vraiment la référence à Kafka. J’ai eu la chance de pouvoir découvrir ce classique dans une très belle édition.
Car effectivement, cette édition est magnifique, il s’agit d’un livre-objet. Il est de très grand format, et les illustrations originales de Miquel Barceló.
Un matin, Gregor Samsa se réveille métamorphosé en insecte géant. Est-il malade ? Blessé ? En dépression ? Peu importe finalement, ce qui est intéressant, c’est le rapport avec sa sœur et ses parents qui devient fascinant. Leurs réactions ne sont finalement pas si étonnantes que ça. Gregor était celui qui faisait vivre sa famille avec son salaire de vendeur itinérant, et du jour au lendemain, il devient un monstre. Il fait peur, il dégoûte, il est répugnant à leurs yeux, mais surtout, son nouvel état les oblige à sortir de leur zone de confort pour subvenir à leurs besoins : ils doivent sortir de chez eux et se mettre à travailler.
Mais Kafka ne s’arrête pas à décrire la répugnance de la famille Samsa face à ce nouveau Gregor. Il nous montre aussi la déchéance de Gregor, qui est mis à l’écart, qui n’a plus de but dans sa vie, et qui se laisse dépérir. L’auteur nous entraîne dans l’intimité la plus profonde de Gregor, on souffre avec lui, on est impuissant face aux comportements de sa famille.
Je ne vais pas refaire l’analyse de ce court roman en trois parties, je pense que ce n’est pas ce qui manque sur la toile. Mais pour moi, La métamorphose c’est l’allégorie de notre société qui perd ses repères face à la différence, face à la maladie. Et finalement, n’y-a-t-il qu’une seule métamorphose dans ce récit ? Celle de Gregor est visible aux yeux de tous, celle de sa famille est moins flagrante car elle ne réside pas dans l’apparence.
La grave blessure infligée à Gregor, dont il souffrit plus d’un mois – personne n’osant enlever la pomme, elle resta, tel un souvenir visible, fichée dans sa chair -, semblait avoir rappelé même à son père qu’en dépit de sa triste et repoussante apparence actuelle Gregor était un membre de la famille qu’on n’avait pas le droit de traiter comme un ennemi, mais à l’égard de qui le devoir familial commandait au contraire que l’on ravale son aversion et qu’on le tolère, qu’on le tolère et c’est tout.
Dans cette édition publiée par Gallimard, les illustrations de grande taille, donnent une autre dimension à ce classique. C’est coloré et sombre, simple et complexe à la fois. Ces peintures de Miquel Barceló font ressortir la noirceur humaine tout en apportant une lumière d’espoir : on se questionne plus en tournant les pages emplies des œuvres de Miquel Barceló. Elles mettent en avant la différence qui est au cœur de ce texte.
En bref, un ouvrage aux illustrations magnifiques pour un court roman classique mais au sujet moderne, traité d’une manière intemporelle. A lire au moins une fois.
je l’ai lu tardivement et beaucoup aimé, alors que « Le procès » avait été une lecture plus laborieuse mais lu à l’adolescence…
Je note cette édition je l’ai lu sur liseuse traduction ancienne donc envie de posséder ce bel « objet d’art » pour le relire et comparer…
J’ai adoré « Kafka sur le rivage » 🙂
J’aimeAimé par 1 personne
Je viens d’ajouter quelques photos des peintures à la fin de l’article.
Je ne sais pas si je lirai d’autres livres de Kafka mais je suis contente d’avoir découvert La métamorphose !
J’aimeAimé par 1 personne
ces photos me plaisent vraiment beaucoup…Donc encore plus envie de trouver cette édition 🙂
J’aimeAimé par 1 personne
Tu donnes vraiment envie de relire ce classique.
J’aimeJ’aime
Pour ma part c’était une première lecture, mais je pense que c’est un livre qu’on peut relire plusieurs fois au cours d’une vie, à chaque fois, on y décryptera quelque chose de nouveau !
J’aimeJ’aime