Moi, cette femme-là, je ne l’ai pas connue. Je n’ai connu qu’elle.


Juliette de Saint-Tropez, Valentin Spitz
Editions Stock, 2018
Présentation éditeur :
Orpheline de père, délaissée par sa mère, Nicole est une petite fille vive et solitaire. En devenant femme, elle découvre son pouvoir sur les hommes. Sa beauté et son tempérament font tourner les têtes. Mais son mari, Georges, se révèle vite irascible, alcoolique, violent. Nicole doit fuir. Jacques, un riche entrepreneur, lui tend les bras. Il veut l’aider et la protéger – elle commet l’erreur de le croire.
Un jour, à bout, elle plaque tout. Direction le Sud, Saint-Tropez. C’est la métamorphose. Nicole se rêve en Brigitte Bardot, elle collectionne les amants, les chiens, les Ferrari rouges et décide de se faire appeler Juliette. C’est une nouvelle vie qui commence… Jusqu’à ce jour d’été où elle disparaît mystérieusement.
Pour Lucas, le petit-fils, débute alors l’enquête, et avec elle le désir de percer les secrets d’une famille où les hommes n’ont jamais eu leur place. Le temps est venu de rompre la malédiction.
Portrait d’une femme hors norme, mêlant en permanence l’ombre et la lumière, Juliette de Saint-Tropez est aussi un hymne à ces mensonges choisis que l’on nomme fiction.
***
Juliette c’est la nouvelle Nicole. Celle d’après la découverte de Saint-Tropez. C’est la petite fille solitaire qui en grandissant est devenue une femme indépendante.
Femme d’affaires, femme fatale mais aussi femme-mère. Juliette c’est une mère-louve. Elle quitte les hommes qui ne font que traverser sa vie plus ou moins longuement. Mais elle ne délaisse jamais ses enfants, ses filles.
Mamie, sa beauté, ses grosses voitures, ses chiens, ses hommes, ses appartements, ses maisons, ses entreprises. Elle les écrasait de toute sa splendeur et ses filles l’admiraient autant qu’elles la haïssaient. À force de vouloir l’égaler, elles s’étaient brûlées à sa lumière.
Juliette, elle est aussi la grand-mère de Lucas. Pour lui, elle est une grand-mère mystérieuse, une femme qui se méfie des hommes, même lorsqu’il s’agit de de sa descendance. Etre un homme dans la famille de Juliette, c’est ne pas avoir sa place. Alors Lucas veut comprendre, et surtout il veut écrire sur Juliette.
Pourquoi continuer à accepter, quelles qu’aient été leurs défaillances, que dans cette famille on puisse ainsi effacer les hommes ?
Ces questions, ces mots, résonnaient en moi comme en écho du vide ; ce vide laissé par mon propre père dont je ne savais pas même le prénom.
Alors il remonte l’histoire de Juliette, de son enfance à sa disparition mystérieuse. De Paris à Saint Tropez, il déroule le fil de sa vie, le fil de ses conquêtes. Son besoin viscéral de liberté.
C’est cela qu’elle veut. Contempler le ciel à sa guise. Décider. Elle aimerait partir immédiatement, prendre un train ou un avion.
Fuir.
La plume de Valentin Spitz est fluide. On est tout de suite entraîné dans l’histoire de Juliette. De flash-backs en moments présents, l’auteur nous dresse le portrait de cette Juliette de Saint-Tropez. Elle se dessine doucement, on la devine devant nous : elle est alors plus qu’un personnage de roman, elle prend littéralement vie. Elle existe vraiment. On s’attache à elle.
Juliette nous accompagne, ou plutôt on accompagne Juliette dans sa vie tumultueuse. On aimerait l’avoir en face de nous et lui parler. On comprend que Lucas veuille raconter sa grand-mère. Pour mieux la connaître. Pour ne pas l’oublier. Pour l’aimer. Et tenter de dénouer les secrets que Juliette garde dans l’ombre de sa personnalité lumineuse.
Je me dis que je ne serai jamais de ces êtres sans doutes, qui vivent « dans l’instant », que je devrai sans cesse vivre avec ce poids sur les épaules. Transformer, écrire pour ne pas mourir et pourtant mourir quand même.
En bref, Juliette de Saint-Tropez, c’est le roman d’une vie pas comme les autres. Celle d’une femme forte et fragile à la fois. C’est beau, c’est plein d’émotion et d’amour. Et de liberté.