Sortir du trou / Lever la tête – Maïa Mazaurette

L’ordre naturel imaginaire passe avant l’ordre social.

Dans cet ordre naturel, les hommes ont un pénis et les femmes n’ont rien : l’accès au trou est garanti.

Sortir du trou, lever la tête - Maïa Mazaurette
Editions Anne Carrière, 2020
Sortir du trou, lever la tête – Maïa Mazaurette
Editions Anne Carrière, 2020

Présentation éditeur :

Mal en point, la sexualité contemporaine ? Désenchantée, tout au moins.

Perturbée par les questions soulevées par le mouvement MeToo, mais aussi par la baisse internationale de libido, les enjeux de pouvoir, les injonctions irréalistes. Avec, pour résultat, une immense lassitude.

La faute à qui, à quoi ? À une sexualité pensée comme une affaire d’orifices, à un imaginaire qui réduit les femmes à un vide à combler, alors qu’elles possèdent un sexe, pulsant, puissant. La première partie de cet essai, « Sortir du trou », analyse comment l’Histoire, la culture et la psychanalyse ont réduit nos pratiques à des peaux de chagrin.

Mais parce qu’un pamphlet ne nous fera pas retrouver le chemin de la joie et du plaisir, la seconde partie, « Lever la tête », propose une ars erotica optimiste, pratique, ambitieuse, centrée sur la fantaisie et l’éthique. Au programme : une sexualité solaire, radieuse, à la portée de chacun.

Une autre sexualité est possible, il suffit de la faire advenir.

Sortir du trou explique pourquoi. Lever la tête révèle comment.

***

J’ai découvert Maïa Mazaurette en écoutant le podcast Les couilles sur la table (épisodes #54 et #55), et ses propos m’avaient interpellée : ils avaient déclenché en moi de nombreuses interrogations. Alors, il m’a semblé naturel de continuer ma découverte de Maïa Mazaurette en lisant ce nouvel ouvrage édité chez Anne Carrière dans la collection Sex Appeal.

— Attention Maïa Mazaurette s’attache seulement à la sexualité hétérosexuelle —

Ce livre est original de par sa conception car ce n’est pas un livre mais deux, ou alors un livre-double. D’un côté, la couverture marron invite à « sortir du trou et échapper à notre vision étriquée du sexe », tandis que quand on retourne l’ouvrage, la couverture blanche invite à « lever la tête et inventer un nouveau répertoire érotique ». Ces deux parties ne vont pas l’une sans l’autre. La deuxième complète la première. Il faut les lire dans l’ordre. Je pense qu’il faut effectivement d’abord sortir du trou avant de lever la tête.

Parlons maintenons du trou, notre sexualité, dans la société actuelle est d’après Maïa Mazaurette qu’une affaire de trou. En raccourci, la femme est un trou qui doit être comblé par un pénis. Trouver le trou. Rentrer dans le trou. Y trouver son plaisir et pourquoi pas en donner.

Mais quelle femme aime être assimilée à un trou ? Et surtout de quel trou parle-t-on ? En tant que femme, je n’ai pas l’impression d’être pourvue d’un quelconque trou ou d’en être un !

Le corps n’est pas découpé en genres, il n’est pas non plus découpable en morceaux.

En tant que femme, je ne suis pas un trou, pas un vide. Je suis pleine, non castrée, intègre.

Cette plénitude est fluide. Elle est en mouvement, ne condamne pas à la stase – elle préfère l’ex-stase.

La plénitude s’émancipe des trous et des bosses, des coups et des bosses, des gouffres et fossés entre nous.

La plénitude est à la fois outil et objectif sexuels.

La condition de cette plénitude est que nous prenions nos corps dans leur entier et que plus jamais on ne coche les cases (barrez les mentions inutiles) clitoridienne, vaginale, utérine, anale, buccale, mammaire, épidermique, auditive, visuelle, cérébrale – comme ni notre corps pouvait se prémâcher en suivant les pointillés.

Alors, Maïa Mazaurette dénonce, et explore toutes les facettes de ce fameux trou. Trou qu’on retrouve sur les schémas d’anatomie, mais en réalité ? Nous, les femmes, ne sommes-nous pas à l’instar des hommes pourvues d’un sexe ? D’un sexe qui n’est pas obligé d’être pénétré pour entraîner la jouissance, la nôtre ou la leur. La femme n’est pas un trou, elle est un être humain, pourvu d’un sexe, mais pas un trou !

Je ne suis pas un trou, mais ils me traiteront en trou, ou réduiront d’autres femmes.

Mais il est difficile d’entériner cette vieille théorie du trou. Elle semble tellement ancrée dans l’Histoire, dans la psychologie humaine, et perdure à travers les époques. Ce trou écrase la femme, lui donne une perception tronquée d’elle-même, une image artificielle d’elle même et l’empêche d’être et d’évoquer son propre corps. Et a des conséquences sur les comportements des hommes. Alors, il est temps de sortir de ce trou et entamer une sexualité épanouie, n’est pas chose simple mais c’est essentiel.

C’est pourquoi, dans la deuxième partie du livre, Maïa Mazaurette nous propose de redresser la tête et nous explique qu’une autre sexualité est possible.

Tout cela se combine. Non, vous ne ferez pas « le tour de la question » – jamais.

Inventons-nous, réinventons le plaisir. Communiquons aussi, beaucoup ! Parlons-nous, exprimons-nous. Disons à l’autre ce qu’on aime, ce qu’on n’aime pas. Rassurons-nous. Respectons-nous. Ne nous mentons plus. Épanouissons-nous. N’ayons plus mal. Ne soyons plus complexé.e.s. Soyons heureux dans nos sexualités.

En bref, dans Sortir du trou, lever la tête, Maïa Mazaurette nous explique pourquoi il faut changer notre vision de notre sexualité et ensuite comment y parvenir en se réappropriant nos corps. Un essai particulièrement réussi, au ton cassant et rentre-dedans. Un livre pour éclairer notre perception de la sexualité et prendre conscience. La prise de conscience me semble la première étape, avant de s’engager dans le changement.

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