Il est donc possible de ne pas choisir, de les aimer tous les deux.
Leur séparation, Sophie Daull
Allary Editions, 2017
Présentation éditeur :
« Ce samedi matin de janvier, ma mère m’attend à la sortie de l’école. Comme les autres jours, nous remontons la rue des Boulangers mais, au lieu de nous arrêter au carrefour, nous prenons à gauche dans la rue Monge. Je me retourne et aperçois un camion de déménagement garé en bas de notre immeuble. Ma mère serre ma main dans la sienne. Je n’ai pas envie de parler, je pense au camion, aux cartons, au salon qui demain sera à moitié vide. Je pense à mon père. Désormais, j’irai chez lui tous les mercredis soir et un week-end sur deux. Ma mère s’est organisée pour que je passe l’après-midi et la nuit chez une amie. Avant de partir, elle me dit Profite bien de ta journée, amuse-toi, essaye de penser à autre chose. Je hoche la tête mais je sais que jamais plus je ne penserai à autre chose. »
Sophie Lemp fête ses dix ans quand ses parents divorcent. Trente ans plus tard, c’est avec le regard d’une petite fille devenue adulte qu’elle revit cette séparation.
Pourquoi cette blessure, commune à tant d’enfants, est-elle si difficile à cicatriser ?
***
A dix ans, Sophie Lemp voit ses parents divorcer. Son père quitte le foyer et elle reste avec sa mère dans l’appartement familial. C’est le début des « un week-end sur deux chez papa ». Mais pas seulement.
Quand je suis bien avec l’un, j’ai l’impression de trahir l’autre.
Leur séparation. Celle de ses parents. Pas la sienne. Mais celle qui va changer le reste de sa vie. Sa vie bouleversée à jamais. Comme si sa vie entière était scindée en deux. Il y a eu l’avant. Il y aura l’après.
Dans ma mémoire, la séparation est ma première douleur, comme si tout ce qui s’était passé avant avait été joyeux.
Leur séparation, ce n’est pas que la fin d’une histoire, ni le début d’une autre. C’est la charnière avec l’inconnu. Avec tout ce que cela implique. Reconstruire un foyer. Des nouveaux repères à trouver. Des nouvelles habitudes à mettre en place et des nouveaux mots à insérer dans les dialogues de la vie de tous les jours.
J’étais seulement la fille de mes parents et ils avaient divorcé.
Dans Leur séparation, Sophie Lemp ne nous raconte pas ses parents et la fin de leur histoire d’amour. Elle nous raconte leur séparation de son point de vue d’enfant (petit puis grand). Tout ce qui a changé. Les meubles, mais aussi les vacances. Les sorties. Sa vie d’enfant qui ne sera plus la même. Tous ces sentiments que les enfants n’expriment pas toujours, et que les adultes ne savent pas forcément décrypter. Culpabilité, peine, peur, angoisse.
Je m’en veux de ne pas réussir à m’habituer, à me fondre dans le décor, à me couper en deux.
Tout cela laissera des traces. Marquée à vie. Les cicatrices refermées, certaines toujours douloureuses, certaines effacées. Tout en pudeur et en délicatesse, Sophie Lemp analyse ce qui a fait qu’elle est aujourd’hui cette femme. Avec une écriture fluide, elle met les mots sur ses maux d’enfant, sur sa blessure.
Ecrire fait revenir les souvenirs (ou me rend plus attentive). A la faveur d’une conversation ou d’un évènement, je me souviens.
Leur séparation c’est un récit court, d’autant plus poignant qu’il est autobiographique. Un texte pudique et sensible qui se lit d’une traite.
À nos yeux nos parents ne font qu’un, et c’est douloureux d’apprendre à les voir autrement. Je fais une capture d’écran. Merci beaucoup pour ta chronique !!! 😘
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