Le meurtre du Commandeur, livre 2 : la Métaphore se déplace – Haruki Murakami

Nous autres, nous sommes loin des nobles Idées. Je ne suis qu’une simple Métaphore […] Juste une humble Métaphore. Seulement quelqu’un qui relie une chose à une autre.

Le meurtre du commandeur 2 BIS

Le meurtre du Commandeur, Livre 2 : La Métaphore se déplace, Haruki Murakami
Belfond, 2018
Traduction du japonais : Hélène Morita

Présentation éditeur (attention, ce résumé dévoile une grande partie de ce tome 2)

Alors que jusque-là je marchais normalement sur ce que je pensais être mon propre chemin, voilà que soudain celui-ci a disparu sous mes pas, et c’est comme si j’avançais simplement dans un espace vide sans connaître de direction, sans plus aucune sensation.

Une jeune fille a disparu. 
Une jeune fille dont le narrateur avait entrepris de faire le portrait. Une jeune fille aux yeux comme une flamme gelée. Une jeune fille qui l’intrigue et qui pourrait être liée à Menshiki. 

Il va rendre visite au vieux peintre Tomohiko Amada. Là, dans la chambre d’hôpital, apparaît le Commandeur. 

Le Commandeur est prêt à offrir sa vie pour que la jeune fille soit retrouvée. Il faut faire revivre la scène du tableau, le Commandeur doit être poignardé. 

Le narrateur lui plante un couteau dans le cœur. 

Une trappe s’ouvre dans un coin de la chambre. Un personnage étrange en surgit, qui l’invite à entrer dans le passage souterrain. Le début d’un périple qui va conduire le narrateur au-devant des forces du mal… 

Deuxième livre d’une œuvre exceptionnelle, dans la lignée du monumental 1Q84, un roman somme, ambitieux, profond. Deux tomes pour une odyssée initiatique étrange, inquiétante, envoûtante, où le maître Murakami dévoile ses obsessions les plus intimes.

***

Merci aux éditions Belfond pour l’envoi de ce livre.

Mon avis sur le Livre 1

***

J’ai pour habitude de ne pas enchaîner les différents tomes d’une saga. Pour ne pas me lasser, pour prendre plus de plaisir à replonger dans un univers particulier. Mais cette fois, je regrette de ne pas avoir lu ce deuxième livre à la suite du premier. En effet, ce deuxième tome est la suite directe du premier volet : il s’ouvre au chapitre 33. Et j’avoue que j’ai mis du temps à replonger dans l’ambiance, à me réapproprier les personnages et les décors.

Après une petite pause, Marié reprit : « Ce tableau montre quelqu’un qui est en train de se faire tuer. Il y a beaucoup de sang. Malgré cela, il ne nous rend pas tristes. J’ai l’impression que ce tableau m’entraîne ailleurs. Dans un endroit où les critères de ce qui est juste ou injuste n’ont pas cours. »

Et pourtant ce second livre est plus profond que le premier. Le narrateur poursuit sa quête créatrice. L’idée laisse la place à la métaphore, le narrateur va devoir affronter son passé et ses démons. Son parcours sera semé d’épreuves. En suivant son intuition, il va se dépasser lui-même ainsi que ses doutes pour faire des choix, voyager dans les profondeurs de son être. Et s’extraire de sa solitude.

Quelque chose s’apprêtait à commencer ici. Et enfin, une idée surgit en moi. Ce que j’avais voulu peindre là, ou ce que je ne sais quelle volonté avait voulu me faire peindre, c’était justement ce présage, ce signe annonciateur.

Son modèle, Marié, prend de l’ampleur. Elle, aussi, est à la recherche de quelque chose. D’une personnalité très sensible et solitaire, elle est également très intuitive, elle cerne les personnes qu’elle rencontre, ressent les choses sans forcément communiquer par la parole. Marié est un personnage vraiment fascinant. Plus que Menshiki finalement, alors que pourtant ce dernier cultive le mystère.

Nous vivons tous, les uns et les autres, lestés de secrets qu’il nous est impossible de révéler.

A l’inverse, de Marié qui grandit et apprend à se connaître, l’intervention de Menshiki prend fin progressivement. Son personnage s’estompe au fur et à mesure que le récit avance, comme les couleurs d’un tableau qui disparaîtraient avec le temps. Et en même temps qu’il s’efface, le narrateur s’élève et reprend le contrôle de son existence. Comme si l’artiste recouvrait sa toile d’une nouvelle couche de peinture, pour reprendre le cours de sa vie.

De même que la vie me donnait idées et mouvement, cette fosse aussi pensait, elle aussi vivait, elle aussi bougeait. Elle respirait, elle s’étirait et se rétrécissait. Voilà le genre de sensation qui m’habitait. Mêlant leurs racines au sein de l’obscurité, mes pensées et celles de la fosse semblaient échanger leur sève entre elles. Le moi et le non-moi se mirent à se mélanger telles deux couleurs diluées dans de l’huile si bien que leurs contours respectifs se firent de plus en plus troubles, incertains.

Dans Le meurtre du Commandeur, Haruki Murakami reprend certains de ses leitmotivs habituels, comme l’enfermement, dans un puits ou une fosse, le sommeil, la solitude, ou encore le rêve. Tous ces lieux communs  apportent au récit une touche de fantastique et d’étrange mais surtout contribuent à la portée initiatique. C’est vraiment ce que j’aime dans l’oeuvre de Murakami : quand le fantastique nous emmène sur des pistes de réflexions extrêmement profondes sur l’existence. Entre rêve et réalité, entre sommeil et éveil.

— […] Il y a aucune exception au principe de l’univers. Ce nonobstant, Messieurs, la supériorité des Idées, c’est qu’à l’origine, elles ont point d’apparence. Ce n’est qu’une fois reconnues par autrui que les Idées deviendront des Idées et qu’elles se vêtiront d’une forme quelconque. N’empêche que celle-ci n’est jamais, évidemment, qu’une forme empruntée pour la commodité.
— C’est-à-dire que s’il n’y a pas de prise de conscience par l’autre, les Idées ne peuvent exister. »

Le meurtre du Commandeur a répondu à mon attente. C’est une oeuvre dense qui explore les obsessions humaines. Haruki Murakami donne vie aux idées et aux métaphores, il les personnifie et nous entraîne dans une dimension fantastique et onirique, mais qui toujours se raccroche à la réalité de l’existence, de la vie.

Votre destination, c’est vous-même, c’est votre volonté qui la détermine.

 

 

2 commentaires sur « Le meurtre du Commandeur, livre 2 : la Métaphore se déplace – Haruki Murakami »

  1. Étonnant qu’une grande partie soit dévoilée dans un résumé 😕 tu fais bien de prévenir ! Je me suis détournée des sagas parce que entre deux tomes, j’étais toujours distraite par une lecture ou une autre, et il me fallait un temps fou pour m’y replonger, ce qui pour moi rompait vraiment le charme.

    Aimé par 1 personne

    1. Là finalement ce n’est pas une saga, c’est vraiment plus pour éviter de publier un livre de plus de 900 pages. Le deuxième est la continuité directe du premier, le temps ne s’est pas écoulé entre les deux.

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