Tous ces hommes n’étaient pas bons, mais tous portaient une souffrance qu’elle accueillait volontiers en elle, contre quelques pièces. Sa beauté allégeait les corps et purifiait les âmes, voilà comme elle envisageait son métier.
Castelletto, tome 1 : Chiara, Emma Mars, Editions Charleston, 2018
Résumé éditeur :
Dans les ruelles chatoyantes et décadentes de la Venise de 1361, Chiara rêve à une autre vie. À la mort de sa mère, victime de la peste, elle est recueillie par une communauté de prostituées alors qu’elle n’est qu’une petite fille. Treize ans plus tard, elle vit elle aussi du commerce de ses charmes. Belle, brillante et déterminée, Chiara économise dans l’espoir de se construire un avenir plus radieux. Mais la découverte de l’identité de son père va bouleverser ses plans et lui offrir ce qu’elle n’aurait jamais imaginé : le pouvoir. Plus sulfureuse que jamais, la Cité des Doges devient le décor rêvé de sa quête d’amour et de liberté.
« UNE FRESQUE ÉPIQUE HAUTE EN COULEUR ET EN SENTIMENTS, SANS FAUX-SEMBLANTS, UN RÉCIT HALETANT ET INTENSE QUI NOUS PLONGE AU COEUR DE LA VENISE DU XIVe SIÈCLE. » Karen du blog Au boudoir écarlate.
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Ce livre est arrivé par hasard entre mes mains. La soirée de lancement du livre de Caroline Noël était aussi celle de Castelletto chez Charleston. J’ai rencontré Emma Mars, j’ai pu échanger avec Frédéric (vous suivez ?), et je suis repartie avec son livre dédicacé. Improbable. La couverture ne m’attirait pas, je n’aurais jamais acheté ce livre en librairie.
Avec Castelletto, on se retrouve dès les premières pages en totale immersion dans la Venise du XIVème siècle, dans les quartiers défavorisés, en compagnie des courtisanes et autres filles de joie. Nous suivons plus particulièrement Chiara, orpheline, qui a été élevée par une communauté de prostituées vénitiennes et qui vend désormais elle aussi ses charmes. Nous sommes à l’aube de l’ouverture du Castelletto, lieu construit pour regrouper les courtisanes de la ville et ainsi réguler et gérer leur commerce. Et c’est à Nicola, homme d’église que l’on demande de superviser cette citadelle du vice.
Le pape des putains vénitiennes ! Sa foi était peut-être erratique ; ses mœurs pas toujours dénués de taches. Mais de là à promouvoir le commerce des corps et la corruption des âmes ?
Les premières pages m’ont un peu déstabilisée, le temps de me faire au style de l’auteur. En effet, les tournures de phrases et les mots qu’il emploie ne me sont pas familiers. Mais justement, c’est ce style qui m’a finalement séduite et embarquée dans cette saga. Dès le début, j’ai imaginé les décors, les personnages. Tout se déroulait dans ma tête au fil des lignes, comme si je ne lisais pas mais plutôt comme si je regardais un film. Vous voyez ce que je veux dire ?
Frédéric, tu décris si bien la Venise des catins. Les personnages semblent tous plus vrais les uns que les autres. Les ruelles, les canaux, les costumes, tout y est. Je n’ai pas eu l’impression de lire une fiction, mais plutôt de faire un bond de plusieurs siècles en arrière. Je me suis complètement projetée dans l’ambiance de Castelletto.
Chiara est attachante, elle est passionnée et entière. Elle sait ce qu’elle veut, et en même temps elle est prête à se sacrifier pour venir en aide à ses amis. Elle est une héroïne courageuse et audacieuse, une Angélique d’un autre temps et d’un autre milieu. Loin d’être soumise, Chiara est une battante, une amoureuse de la vie.
[…] l’élégance n’a ni sexe ni condition.
J’ai souvent eu peur pour elle. Le souffle coupé, j’ai enchaîné les chapitres. La vie de Chiara est tellement mouvementée et surtout dangereuse. Le danger et le risque sont présents à chaque client, à chaque rencontre, à chaque coin de rue. Certaines scènes sont vraiment difficiles, mais pas anodines. La vie des prostituées de Venise était souvent synonyme de viol, de maltraitance…
Et comme elle esquive son baiser, il réaffirme son autorité de chasseur qui sait le gibier déjà acquis :
– Un peu de résistance ne me déplaît pas… Mais tu sais que cela ne sert à rien, n’est-ce pas ?
La vie de Chiara prend un tournant quand elle fait la rencontre de Nicola, un prêtre de la cité des Doges. L’amour est un sentiment qu’on ne contrôle pas. Et pour Chiara et Nicola, si au commencement tout semble les séparer, finalement tout les rapproche. Ils ne sont plus une catin et un homme d’église, mais deux êtres qui s’aiment. Loin de tomber dans la guimauve, ce côté romance interdite et clandestine donne du piment à l’histoire. J’ai vibré, frissonné pour eux, avec eux. Il me tarde de connaître la suite de leur relation.
Mais même muets ils se disent l’après. L’attachement. La clandestinité. La douleur de se quitter et la joie folle de revivre de tels instants. Les rendez-vous volés à sa matrone, en cachette de tous. Là, tout de suite, elle n’est plus une putain du Rialto, il n’est plus un prêtre.
On dit qu’il ne faut pas se fier à la couverture d’un livre, que l’habit ne fait pas le moine. J’en suis maintenant convaincue. Castelletto a été un coup de cœur auquel je ne m’attendais absolument pas. Cela fait un bien fou d’être surprise de cette manière ! Il va me falloir maintenant lire Nicola, le tome 2 pour connaître la suite de la vie de Chiara.
Castelletto vous emmène en totale immersion dans une Venise que vous ne connaissez sans doute pas. Laissez-vous entraîner à la suite de Chiara, vous ne le regretterez pas !