Un hiver à Paris – Jean-Philippe Blondel

Mieux vaut devenir le maître des illusions que le jouet de ceux qui vous entourent.

un hiver à paris

Un hiver à Paris, Jean-Philippe Blondel, Buchet-Chastel, 2014

Résumé éditeur :

Jeune provincial, le narrateur débarque à la capitale pour faire ses années de classe préparatoire. Il va découvrir une solitude nouvelle et un univers où la compétition est impitoyable. Un jour, un élève moins résistant que lui craque en plein cours, sort en insultant le prof et enjambe la balustrade.

On retrouve dans « Un hiver à Paris » tout ce qui fait le charme des romans de Jean-Philippe Blondel : la complexité des relations ; un effondrement, suivi d’une remontée mais à quel prix ; l’attirance pour la mort et pour la vie ; la confusion des sentiments ; le succès gagné sur un malentendu ; le plaisir derrière la douleur ; l’amertume derrière la joie.
Sont présents les trois lieux qui guident la vie de l’auteur : Troyes, Paris, les Landes. Dans la lignée de « Et rester vivant« , il y a chez le personnage-auteur-narrateur la même rage pure, la même sauvagerie – pour rester toujours debout sous des allures presque dilettantes.

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Coup de cœur

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Au retour de vacances, une lettre. Le nom de l’expéditeur, son adresse ne sont pas inconnus à Victor, le narrateur. Il hésite. Et finit par l’ouvrir. L’occasion de revenir plus de trente ans en arrière. A Paris, un hiver, durant ses études au lycée D.

Dans les années 1980, Victor quitte sa province natale pour poursuivre des études littéraires à Paris. Hypokhâgne, khâgne. Dans un lycée parisien huppé où il n’a pas sa place, mais qui l’éloigne de sa famille. Il a besoin de fuir. La découverte d’une institution où tout n’est que compétition. Un nouvel univers sans aucune pitié pour les plus faibles.

Les dialogues envahissaient mon existence. Moi qui n’avais vécu que par soliloques, commentaires écrits, exégèses, réflexions en trois parties, remarques inabouties. Parfois j’avais envie de m’en extraire.

A la rentrée en deuxième année, il fait connaissance avec Mathieu qui vient d’entrer en première année. C’est la première personne vers qui Victor va naturellement, sans réfléchir. Les choses semblent parfois évidentes. Ils ne se parlent pas beaucoup. Fument des cigarettes ensemble. Il ne le connait pas bien, Mathieu, mais il songe à l’inviter à son anniversaire, en octobre. Cela n’arrivera pas.

Des cris dans les couloirs du lycée. Tous savent. Quelqu’un a sauté. La mort dans leur routine quotidienne. Le suicide. C’est Mathieu qui a sauté.

Un hurlement.
Bref.
Violent.
Un son mat.

Une semaine plus tard, le père de Mathieu vient au lycée. Il veut parler avec les camarades de son fils. Le début d’une relation entre Victor et lui. Une relation spéciale, comme un père et un fils qui n’en sont pas. Une relation qui devrait pas être. Certains la dise malsaine.

Trente ans plus tard, c’est Patrick, le père de Mathieu qui écrit à Victor.

La vie, c’est long. Il y a un moment où vous accumulez trop de souvenirs. Alors, vous ouvrez une trappe et les plus douloureux disparaissent. Vous l’oublierez, vous verrez.

En apnée. J’ai lu ce livre en retenant ma respiration. Les mots de Jean-Philippe Blondel sont beaux, le récit coule tout seul. Il nous transmet toute une tempête d’émotions. Il explore la jeunesse en abordant des thèmes qui nous parlent : l’amitié, l’amour, le mal-être, la découverte de soi, les sentiments qu’on confond, la mort, les parents, la vie. Et le suicide.

Le suicide. C’est un sujet qui me touche personnellement, et j’ai beaucoup aimé la manière dont Jean-Philippe Blondel avait choisi de le traiter. Pudiquement, tout en sensibilité. Sans violence surtout et sans jugement. Merci Monsieur Blondel de parler aussi délicatement et en même temps aussi profondément de ce sujet souvent tabou.

Un hiver à Paris, c’est le genre de roman dont on ne sort pas indemne. Un roman initiatique dont chaque mot nous touche. Une lecture qu’on n’oublie pas. Une belle découverte pour moi, je vais m’empresser de découvrir d’autres livres de Jean-Philippe Blondel.

Nous sommes beaucoup plus résistants que nous le croyons.

Un hiver à paris couv

 

 

 

 

2 commentaires sur « Un hiver à Paris – Jean-Philippe Blondel »

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