Et pourtant… Je suis né le 13 décembre 1977 en pleine fièvre disco. Autant dire que je suis né cardiaque, remuant et plein d’une vie qui aujourd’hui vire au cauchemar. Presque quarante ans plus tard, je suis déclaré mort, alors que j’ai la pleine conscience de conserver la vue et l’ouïe. Je suis devenu l’homme qui annonce la douleur, celui qui la propage, je ne remue plus, je suis le subtile mélange des faits et de ma relativité. Je repense subitement à Henry Miller. Ce doit être cela la communication d’entre les morts. Je repense à lui et à cette phrase qui me hante : « Non, on n’est jamais seul. Mais il faut avoir vécu seul pour le savoir. » Ce soir, je le sais…
Stayin’ Alive, Christian Moguérou, Editions Erick Bonnier, 2018
Résumé éditeur :
Robin est né le 13 décembre 1977, mais il ne le savait pas.… Il a fallu qu’il meure pour le comprendre et pour, de façon improbable, rester vivant.
Stayin’ Alive est un roman épique, tachycardant, une plongée dans les années disco au rythme des Bee Gees, une histoire presque vraie que personne n’oserait croire.
Et vous, êtes-vous prêts à danser ?
Christian Moguérou, journaliste, producteur et écrivain, a 50 ans et, aux dernières nouvelles, il danse encore.
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Quand les éditions Erick Bonnier m’ont proposé de m’envoyer ce livre, j’ai accepté : le résumé m’a interpellée : j’avoue ne pas avoir tout compris, et cela m’a alors donné envie d’en savoir plus ! Mais surtout, je crois que c’est la couverture et le titre qui m’ont le plus attirée ! Les couleurs et le graphisme psychédéliques promettaient une lecture originale !
J’ai donc ouvert Stayin’ Alive sans attente particulière si ce n’est celle d’être surprise et de passer un bon moment. Pour la surprise, cela n’a pas manqué ! A la lecture des premières pages, on ne sait pas trop de quoi il en retourne. C’est Robin qui nous parle. Il semble mort. Et en même temps conscient. Il ressent la présence des personnes qui lui rendent visite sur son lit de mort, il nous raconte ses derniers instants, l’intervention des pompiers…
Je suis immobile, je ne danse plus, je ne remue plus… Alors je tente de corrompre le silence qu’on m’impose.
La première partie m’a vraiment touchée, tant par le style de l’auteur que par les émotions et les mots qu’il fait passer. Cela m’a amenée à réfléchir sur l’existence, ma propre vie, celles de mes proches, sur ce qui est important et ce qui l’est moins. J’ai lu cette première moitié du livre d’une seule traite, emportée par la plume de l’auteur (même si je l’avoue certaines tournures de phrases m’ont un peu déroutée !)
Je suis plongé au cœur de mon fragile, je l’ausculte pour en connaître le moindre recoin, je m’habitue à ses attitudes dissipées, je sais enfin ce qui habite mes entrailles, je me surprends à les questionner et j’écoute religieusement leurs réponses qui tardent à venir.
En revanche, la deuxième partie du roman m’a perdue…. Robin se retrouve à New York, il ne sait plus rien de lui même. Les chapitres alternent avec des extraits du dernier manuscrit de Robin. Je n’ai pas su interpréter le sens de cette partie là du récit. Si ce n’est de révéler un secret de famille…
J’avais besoin de trancher dans mon désordre, de faire jaillir quelque chose qui ne soit plus provisoire. Il n’y avait aucun risque d’érosion dans mon esprit, je subissais avec joie et fracas des emportements imaginaires, je rayais tant de lignes, tant de noms aussi, il faut bien biffer ce qui ne tient plus debout, même assis.
Stayin’ Alive… oui, mais finalement dans quel sens ? Restons vivants… après la mort ? De nature plutôt cartésienne, le paranormal n’est pas un concept qui me parle, et me laisse plutôt de marbre.
Si j’ai énormément apprécié la plume de Christian Moguérou, mon avis est assez mi-figue, mi-raisin. Stayin’ Alive est assurément un roman décalé ; un récit qui ne peut pas laisser indifférent, et qui mène à la réflexion. Une lecture déroutante que l’on aimera ou pas ! A chacun de se faire sa propre idée !