Les Indifférents, Julien Dufresne-Lamy

Les adolescents sont des adultes en puissance. Incontrôlables et morts de faim.
En bande, ils sont plus forts. Ils cambriolent, font crisser les pneus des bagnoles.
Ils se brisent les cœurs et les mains. Mais ils ont le droit. Ils vivent à l’âge transitoire. Leurs pulsions sont animales. Ils sont à part, incapables d’extraction. Le monde est à eux aussi loin qu’on regarde.
On les laissera faire. On les laissera jouer et tuer. L’adolescence est un passage obligé. Une espèce de souveraineté.
C’est la sombre période de l’indifférence.

Les Indifférents 4Les Indifférents, Julien Dufresne-Lamy, Belfond, 2018

Résumé éditeur :

Ils sont les enfants bénis. Les élus. Personne ne les approche. Ils se surnomment les Indifférents.
Une bande d’adolescents bourgeois mène une existence paisible sur le bassin d’Arcachon. Justine arrive d’Alsace avec sa mère, recrutée par un notable du coin. Elle rencontre Théo, le plus jeune fils de la famille, et, très vite, intègre son clan.
De ces belles années, Justine raconte tout. Les rituels, le gang, l’océan. Cette vie d’insouciance parmi les aulnes et les fêtes clandestines, sous le regard des parents mondains. Mais un matin sur la plage, un drame survient. Les Indifférents sont très certainement coupables. La bande est devenue bestiale.
Dans un style haletant et incisif, le nouveau roman de Julien Dufresne-Lamy dessine le portrait d’une jeunesse aussi cruelle que prodigieuse.

***

Mais quelle découverte ce livre ! Merci Belfond et Netgalley !

Nous sommes à Arcachon, un groupe d’adolescents, insouciants, qui profitent de la vie, se lancent des défis, indifférents à ce que pensent les autres… Une bande d’amis, peut-être pas si soudée et heureuse qu’elle en a l’air, certains qui viennent de familles aisées du bassin et l’autre, celle qui est la fille de l’employée, et qui vient d’arriver dans cette nouvelle région, un nouveau départ, du bonheur, mais pas que… car pour faire partie du clan, un bizutage est de rigueur, il va falloir dépasser ses limites physiques et morales.

J’annonce à ma mère que je déteste vivre ici et que Théo parle à ses amis imaginaires. Je promets au garçon boutonneux que je lui écrirai des lettres en latin à son départ du bassin. Ego te requiro, revertemur.

L’adolescence, comme cette période pendant laquelle on cherche toujours sa place et son identité. L’adolescence, comme ce moment où l’on se teste soi-même et où l’on teste les autres, souvent jusqu’à la provocation, parfois jusqu’à l’humiliation et la destruction. L’adolescence comme ce moment on ne pense qu’à soi, où tout le reste nous paraît injuste. L’amitié et les jeux peuvent conduire aux défis et parfois jusqu’à la haine et jusqu’au pire. D’un ami dont on avait confiance peut se révéler une personnalité perverse, cruelle et sans scrupule, la vengeance peut être malsaine voire fatale.

Moi, je le sens, c’est très fort. Écoute le vent, regarde les oiseaux. Il y a une agitation dans l’air, quelque chose de supermalsain.

Tout au long du récit, Julien Dufresne-Lamy fait monter la tension et sème des indices. A nous de comprendre, de faire le lien, d’imaginer, de trembler, parce que oui, on a peur, on sait que le pire est arrivé, c’est angoissant, c’est terrifiant. Et quand on comprend, alors il est trop tard.

La plume de Julien Dufresne-Lamy est percutante et poétique à la fois. Avec ses mots toujours d’une justesse absolue, il nous entraîne dans le tourbillon et les vagues de cette période charnière de la vie qu’est l’adolescence et dont personne ne ressort tout à fait indemne. Le roman est rythmé, les phrases courtes, pas de mots superflus, juste ce qu’il faut. Un texte juste, clair, net, précis qui ne peut pas laisser indifférent, tant par le style que par ce qu’il raconte. C’est dur, c’est beau, c’est la vie peut-être… dans toute la cruauté dont elle peut faire preuve parfois.

Les Indifférents ont dix-sept ans. Ils ont la tête pleine d’illusions. Avocat, médecin, vedette du monde. Ils ont des utopies et des lubies et c’est leur corps qui hallucine.
Mais ce matin-là, la mort surgit sur la plage.
La mort, elle ne s’annonce jamais, elle ne dit rien à personne. Elle est l’animal sauvage détalant sur la route. Elle nous regarde droit dans les yeux, immobile, prise par la lumière aveuglante des phares.
La mort a été rapide ce matin. Une seconde. Une lumière qui s’allume et qui claque. Elle fait silence, elle ne crie jamais comme un loup. Elle endort les esprits, la mort s’en va toujours en demoiselle avertie.
Ce jour-là les Indifférents ont commis le pire. Ils n’ont pas regardé la mer, ils n’ont pas regardé le ciel. Ils ont pensé à eux et à leurs rêves.
Ils n’ont que dix-sept ans.

Vous aurez d’ores et déjà compris que j’ai adoré ce roman. Je l’ai lu sans m’arrêter, en apnée, (sans mauvais jeu de mots, si vous le lisez vous comprendrez ce que je veux dire). J’ai frissonné, j’ai pleuré, mais j’ai souri aussi. Julien Dufresne-Lamy a su susciter en moi tout un panel d’ émotions, merci d’avoir écrit ce bijou.

Les Indifférents… c’est un livre que je ne peux que vous conseiller si vous aimez la littérature française, les beaux écrits, la poésie et l’originalité. Une lecture marquante, un auteur que je vais suivre.

 

les indifférents

3 commentaires sur « Les Indifférents, Julien Dufresne-Lamy »

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