L’absence d’Eugène commence à bien connaitre le jardin.
Elle grignote les feuilles de menthe, épouvante les mésanges.
Elle est sans gêne l’absence d’Eugène.
Songe à la douceur, Clémentine Beauvais, Sarbacane, 2016
Résumé éditeur :
Quand Tatiana rencontre Eugène, elle a 14 ans, il en a 17 ; c’est l’été, et il n’a rien d’autre à faire que de lui parler. Il est sûr de lui, charmant et plein d’ennui, et elle timide, idéaliste et romantique. Inévitablement, elle tombe amoureuse, et lui, semblerait-il, aussi. Alors elle lui écrit une lettre ; il la rejette, pour de mauvaises raisons peut-être. Et puis un drame les sépare pour de bon. Dix ans plus tard, ils se retrouvent par hasard. Tatiana s’est affirmée, elle est mûre et confiante ; Eugène s’aperçoit, maintenant, qu’il ne peut plus vivre loin d’elle. Mais est-ce qu’elle veut encore de lui ?
Songe à la douceur, c’est l’histoire de ces deux histoires d’amour absolu et déphasé – l’un adolescent, l’autre jeune adulte – et de ce que dix ans, à ce moment-là d’une vie, peuvent changer. Une double histoire d’amour inspirée des deux Eugène Onéguine de Pouchkine et de Tchaïkovski – et donc écrite en vers, pour en garder la poésie.
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De Clémentine Beauvais, j’avais lu l’été Les petites reines que j’avais trouvé très frais, très divertissant. J’ai aussi lu Inséparables de Sarah Crossan, dont Clémentine Beauvais est la traductrice et que j’avais trouvé très touchant. Aussi quand j’ai vu Songe à la douceur sur l’étagère de la médiathèque, roman en vers, je n’ai pas tellement hésité avant de me lancer.
J’ai retrouvé dans ce livre l’humour de Clémentine Beauvais, celui que j’avais apprécié dans les petites reines. Et il vrai que la forme du roman, contribue avec les rimes à rendre les touches d’humour encore plus présentes et plaisantes.
Mais cela n’a pas suffi à me convaincre ! En effet, si j’ai aimé la forme et le style, j’ai beaucoup moins accroché avec le fond et surtout avec les personnages. Je ne leur ai trouvés aucune consistance, je n’ai pas réussi à éprouver de l’empathie à leur égard, à aucun moment. L’intrigue est assez plate… Tatiana et Eugène jouent au chat et à la souris tout au long du roman et finalement il ne se passe rien puisqu’il y a peu d’interaction entre eux. J’avoue que j’ai même éprouvé de l’ennui à certains moments de ma lecture. De nombreux silences, certains questionnements, mais toujours les mêmes. Je n’ai rien contre les romans qui relatent des amours ratées, mais je veux au moins vibrer ! Et là c’est vrai qu’avec ce titre, Songe à la douceur, je m’attendais à vibrer, à rêver, en tendresse et cela n’a pas été le cas, malheureusement. Le titre promettait beaucoup et j’imaginais un roman triste, mais moelleux et doux : parce que les histoires qui finissent mal sont souvent très belles. Il s’avère que dans ce livre je n’ai pas trouvé d’histoire d’amour…
En résumé, j’ai apprécié la forme originale de ce roman, car il faut dire que Clémentine Beauvais manie les mots avec brio, mais sur le fond il n’a pas su me toucher… Une petite déception pour moi, mais je suis certaine qu’il peut plaire à nombres de lecteurs, jeunes ou moins jeunes.